On le sait désormais, House of Cards ne sera jamais une grande série, même si elle a tout d’une grande : casting irréprochable, réalisation millimétrée, dialogues saignants.
Non, House of Cards souffre de son défaut originel, l’irréalisme. Pour accrocher son public et probablement satisfaire des pulsions anti-fédérales foncièrement américaines, la série de Fincher s’est prostituée. Certes Washnington est corrompu, certes, les politiciens sont des êtres retors et sans scrupule, et prêts à tout pour gagner le pouvoir et le conserver. Mais le défaut de Fincher est d’avoir pris cette phrase (« prêts à tout ») au premier degré. Et d’avoir transformé Frank en criminel.
Nous sommes des adultes, cher David et donc prêt à entendre des horreurs, mais pas celles-là. L’idée d’un homme politique de premier plan qui commette lui même des crimes n’est pas de notre niveau, ni du vôtre d’ailleurs. Nous aurions préféré continuer sur un mode plus subtil. Frank Underwood écoutant ses ennemis, corrompant ses alliés, commanditaire de basses oeuvres, pouqruoi pas? Il aurait ainsi poursuivi cette trajectoire glaciale vers le pouvoir avec à ses côtés une épouse tout aussi terrifiante*. Malheureusement on ne peut que prévoir la suite funeste de ce choix : House of Cards ne pourra survivre que dans la surenchère, et finira par mourir de ridicule.
Tant pis si House of Cards n’est pas le A La Maison Blanche dark que nous espérions, mais seulement une sorte de 24 avec un cerveau. Nous continuerons – tant que c’est acceptable – à la regarder comme un simple divertissement…
*Si elle l’est, d’ailleurs, c’est bien qu’elle utilise des moyens plus subtils comme on peut le voir, dans ce premier épisode.