samedi 22 mars 2014


300 – la Naissance d’un Empire
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Plus con. Encore plus mal joué. Mal écrit. Parfois ridicule. Toujours plus à droite. Voilà comment on pourrait résumer ce nouveau 300, sans Zack Snyder aux commandes, mais produit (heureusement) et écrit (malheureusement) par notre cinéaste républicain préféré.

Mais on pourrait dire aussi : historiquement correct (même si mythifié larger than life), formidablement filmé, usant merveilleusement de l’ignoble 3D pour produire des images magnifiques et particulièrement, d’incroyables scènes de combat.

Car on ne peut regarder 300 à l’aune critique habituelle. 300 – La Naissance d’un Empire est un divertissement décérébrant, parfaitement bushiste, dont on pourrait résumer l’argument ainsi : pendant que les 300 Spartiates (les hommes, les vrais, même outrageusement huilés) se couvrent de gloire aux Thermopyles, les pédés d’Athènes discutent et ergotent, comme ces salopards de démocrates à la Chambre des Représentants. Ils finissent quand même, devant le danger irakien… euh, perse, par confier au meilleur d’entre eux, Thémistocle, la marine grecque (tous des pédés) pour aller casser du Perse, tout aussi inverti. Après quelques batailles homériques en Mer Egée, qui feraient passer Transformers pour un film d’Alain Resnais, Thémistocle affronte enfin son véritable ennemi, l’Amiral de la flotte perse : une FEMME.

Selon le bon vieux paradigme US, si Artemisia, cette traîtresse, est grecque, c’est qu’elle a gagné le combo Loi du Talion dès la naissance (famille massacrée + ado violée). Assoiffée donc très logiquement de revanche, elle s’est mise au service du Perse Xerxès*.

Eva Green est pas mal en Artemisia, princess warrior visiblement très frustrée sexuellement : son grand chef est une drag queen, et ses officiers, elle les balance à la flotte avec une belle constance. A la moindre défaite, ils vont découvrir le fond de la Méditerrané lestés de quinze bons kilos de plomb.

Difficile de bâtir un foyer chrétien dans de telles circonstances. Notre guerrière gothique, réalisant l’impasse dans laquelle elle se trouve, finit par inviter l’amiral adverse, Thémistocle, pour une partie de jambes en l’air, dans le but de le retourner, et pas que sur la table.

De là, deux hypothèses : soit Eva Green n’a pas bien lu le scénario, parce que depuis le début notre pâtre grec ne jure que dans la Grèce Eternelle. A côté, John Rambo est un marxiste internationaliste.

Soit elle n’a pas inventé le feu grégeois, ce qui est également plausible.

Cela finit par donner une scène assez étonnante de sexe sur la table des cartes, la seule minute olé olé de la franchise.

Bref, vous l’aurez compris, 300 – La Naissance d’un Empire… ne plaira qu’à ceux qui croient dans le plaisir régressif du cinéma, comme ceux qui avaient jubilé à la sortie de son modèle : 300. Si vous voulez enfin voir des vrais combats, qui relèguent les récentes et pathétiques tentatives hobbitiennes au rang d’aimables courts métrages amateurs, si vous voulez entendre le son des épées vibrer dans l’éther de Salamine, si vous voulez voir 80% d’Eva Green, si vous voulez retrouvez les sensations jubilatoires de l’esprit peplum facon Dernière Séance, courrez voir 300 – La Naissance d’un Empire

Sinon, passez votre chemin…

* Ce qui est drôle, dans ce film rarement touché par la grâce du second degré, c’est que dans la réalité c’est Thémistocle qui a trahi les grecs, quelques années plus tard, en se mettant au service du fils de Xerxès.


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