Dans une scène de Scrubs, J.D., tout content d’avoir sauvé un patient, se met à chanter à tue-tête 99 Luftballons, tout en shootant dans des ballons multicolores subitement apparus dans la chambre d’hôpital. Depuis ce jour, on est tombé amoureux de Zach Braff, son petit sourire en coin, et ses angoisses qui pourraient être les nôtres. On a vu Garden State, son très bon premier film, et on se rue donc sur Le Rôle de Ma Vie.
Zach Braff s’est donné un premier rôle à son image, celle d’un petit gars sympa, mais taraudé par le doute. Aidan est un acteur raté qui, la quarantaine approchant, écume les castings. Son épouse Sarah (Kate Hudson) tient la baraque tandis que son père (Mandy Patinkin) paye l’école religieuse pour ses enfants. En effet, Aidan est loin d’être juif orthodoxe, au grand désespoir du père.
Mais justement, le père arrête de payer. Pour une bonne raison : son cancer a repris et il a décidé de mettre toutes ses économies dans un traitement expérimental. C’est là que le film devient intéressant. A rebours d’une tendance lacrymale convenue, le film va s’attacher à faire le procès du père plutôt que celui du fils. Car le père a beau être malade, il est odieux, et l’on comprend que ce manque de tendresse n’est pas pour rien dans l’échec d’Aidan et de son frère Noah (Josh Gad), geek célibataire sans emploi.
Certes, les frangins Bloom sont à la ramasse depuis bien longtemps, mais pour que les fils changent, encore faut-il que peu que les pères soient là. La rédemption du père (et la prise de conscience des fils) sera donc la voie du salut.
On a vu des mélos plus cliché. Le film est une délicate surprise de la fin de l’été, en tout cas pour ceux qui ne connaissent pas monsieur Braff. Les autres, qui l’aiment déjà, seront un peu plus exigeants. Le cinéma de Braff est à son image : gentil et foutraque. C’est son charme de Zach Braff, c’est aussi sa faiblesse.
Il est temps, mon petit Zach, d’abandonner cette forme de légèreté qui t’habite. Tu fais ici un film sérieux et important, sur le couple, la famille, le temps qui passe. Enlève ces petites musiques d’illustration, chaque fois que tu veux faire ressentir quelque chose. Ne te force pas à faire le comique, alors que tu es dans la tragédie. Ne te crois pas obligé d’être original : ce que tu dis l’es déjà. La maturité est à portée de main, et là, tu pourras faire ton grand film.