Brokeback Mountain et Appaloosa, finalement, c’est la même nostalgie du Western qui est à l’œuvre, tout en se situant aux deux extrêmes de la production : l’un déconstruit, (deux cowboys qui s’enculent), l’autre remythifie (deux cowboys qui s’aiment).
Brokeback Mountain fait paradoxalement plus dans le chromo, la reconstitution soignée de son époque (les années 60-70). Comme obligé de respecter l’univers pour mieux raconter une histoire entièrement neuve.
Appaloosa, au contraire, se fiche un peu de la reconstitution, des zolies images de l’Ouest, parce que lui, il raconte l’histoire immémoriale du western : un brigand (Irons), deux copains shérif (Mortensen, Harris), la Loi, l’Honneur, et la conception toute particulière qu’ont les gens de l’Ouest de ces deux mots dans l’Amérique de 1870. Et à la fin (splendide), on est retombés sur ses pieds. Appaloosa vaut surtout pour cela, et son duo d’acteurs plutôt comiques.
On rigole pas beaucoup dans Brokeback Mountain, on est dans le mélo, c’est superbement bien joué, avec la fine fleur de cette génération (Heath Ledger, récemment décédé, et surtout le génial Jake Gyllenhaal). Ang Lee arrive même à gérer avec talent le passage des ans (l’histoire se déroule sur une vingtaine d’années), mais au final, il peine à faire décoller son film, trop scotché sur ces paysages du Wyoming.