lundi 20 juillet 2015


Amy
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

C’est l’histoire d’une fille, d’une Fée Clochette punk. L’histoire d’une fille détruite comme tant d’autres par, comme le disait Mick Jagger en ne plaisantant qu’à moitié, Shiva : la déesse aux multiples bras qui dévorent les petits enfants du rock : Brian Jones, Kurt Cobain, Amy Winehouse.

Ce que reconstitue le documentaire de Asif Kapadia, déjà auteur d’un magnifique Senna, c’est le chemin de croix habituel du Blues, du Jazz, du Rock. Sexe, drogue and – you name it – the music. Comme pour Senna, Kapadia est fin et subtil, et esthétique. S’il trace en creux le portrait des « meurtriers » : le père (Mitch Winehouse), l’amant (Blake Fielder-Civil) et le tourneur (Raye Cosbert), c’est qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Le père était un jazzeux raté mais il retrouve la fille ignorée, et elle essaie de repérer les erreurs du père. L’amant, junkie à l’enfance tordue, avait trouvé l’âme sœur en Amy, mais aussi une pourvoyeuse en crack gratuit. Et le tourneur, dont l’intérêt était qu’Amy tourne… et elle tourna, coûte que coûte…

Mais l’originalité de la méthode Asif Kapadia, déjà à l’œuvre dans Senna, c’est de ne pas dédouaner Winehouse pour autant. Car la chanteuse n’était pas que mal entourée ; autour d’elles gravitaient au moins trois amis d’enfance qui ont fait ce qu’ils ont pu pour éviter le désastre, sans parler de la maison de disque, qui tentera d’envoyer Amy en rehab (tandis que le père disait no no no*. ) Il faut aussi vouloir décrocher.

Reste les textes, où comment une gamine de vingt ans a su mettre sa vie dans une vingtaine de chansons brillantes. Et bien sûr la voix ; quand elle chante, le monde semble s’arrêter de tourner.

Moins tendu que Senna, moins intéressant finalement (la vie de Winehouse n’est qu’un lent déclin), Amy reste néanmoins le plus beau témoignage à date sur ce conte de fée tordu.

* I ain’t got the time and if my daddy thinks I’m fine
(…) but I won’t go, go, go


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