On sait le peu d’estime en laquelle est tenu le new-yorkais ici, mais en fait c’est surtout son œuvre – très inégale – et le culte idiot qu’il suscite en France qui énerve. Cela n’empêche pas d’aller en voir quelques-uns, et certains sont bons, comme Whatever Works.
Premier atout dans la manche : Larry David. Allen s’est enfin trouvé un alter ego, qui peut dire son texte à sa place, et qui est infiniment plus crédible. New-yorkais comme lui, irascible comme lui, il a dix ans de moins, et peut donc encore séduire une jeunette en toute impunité… il ressemble aux seniors d’aujourd’hui, en short toute la journée, fan de jazz et de base-ball.
Larry David n’a pas à se forcer, il a écrit pendant des années les méchants scénarios de Seinfeld, et a déjà prouvé ses talents de misanthrope dans l’excellent vraie-fausse sitcom sur lui-même, Curb your Enthusisam (Larry Dans Tous Ses Etats).
Pour David, Whatever Works, c’est seulement des heures sup’ : professeur de physique, spécialiste de la Théorie des Cordes (« presque nominé pour le Nobel »), divorcé d’une femme belle et intelligente, hypocondriaque et spécialiste de la détestation de l’humanité, Boris Yellnikoff a tout pour plaire.* Quand il rencontre une jeune SDF, Marie Anne Celestine (Rachel Evan Wood), paumée à NY depuis qu’elle a fui sa famille de bigots du Sud profond, évidemment c’est loin d’être le coup de foudre immédiat.
Et c’est là le deuxième atout de Whatever Works : sa méchanceté profonde, sa misanthropie avouée, son manque total de political correctness. Les juifs, les noirs, les jeunes, les femmes, les pédés, tout le monde y passe. Oui tout le monde subit la méchanceté Yellnikoff, aka Woody Allen.
En face, l’innocence pure, la naïveté, mais aussi l’optimisme de la jeunesse de Marie Anne Celestine feront un utile contrepoids…
Après une heure trente de théâtre de boulevard – car c’est de cela qu’il s’agit, avec arrivées impromptues, manigances maternelles et ménage à trois -, tout ce petit monde sera réuni pour le Nouvel An, comme dans tout bon feelgood movie, contrairement aux prédictions Yelnikoviennes…
Ce n’est pas très bien joué, pas très bien filmé, mais c’est aussi rafraîchissant qu’un coca, après deux heures de marche exténuantes dans l’East Side…