C’est triste de voir couler le Titanic. Une série qui semblait insubmersible malgré ses défauts, et malgré les charges de plus en plus importantes qu’on lui demandait de porter : être une série pédagogique, mais excitante (donc feuilletonnante) avec des personnages crédibles, mais pas monolithiques, et qui ne rate pas sa sortie : l’Epuration, 1945, était toute désignée pour servir d’écrin à un final en beauté.
Malheureusement, la série déclinait déjà depuis deux saisons, et son naufrage n’en est que trop logique. Comme toutes les séries, on peut imaginer que ses fondateurs soient déjà partis comme des JJ Abrams de Marne-La-Coquette, avec en tête de nouvelles aventures, de nouvelles séries, et des projets à pitcher.
Mais quand même. Six scénaristes, un atelier d’écriture, un conseiller intrigue, un conseiller en psychologie des personnages ; tout ça pour ça ? Autant de monde pour torpiller dans les grandes largeurs le plus beau cuirassé que la France fictionnelle ait produit depuis des années ? Six épisodes pour massacrer consciencieusement ses personnages, les amener prendre des décisions les plus ridicules les unes que les autres, et leur faire jouer des situations les plus rocambolesques ? Un cake indigeste, nappé par-dessus le marché de quelques velléités graphiques tout aussi ambitieuses que ridicules ? Du fameux mouvement circulaire avant/après évoqué précédemment aux faux raccords de la scène d’amour des Schwarz, qui tentent péniblement d’évoquer La Ligne Rouge ?
Ça fait beaucoup pour le suiveur, comme on dit sur le Tour de France.
Et crime ultime pour une fiction : ne pas finir. Un Village Français avait déjà du mal à relier une saison à l’autre : pas de résumé de l’épisode précédent*, pas de scène de réintroduction contextuelle. On sait désormais que ce Village-là ne sait pas non plus faire un dernier épisode. Le Professore resta longtemps abasourdi avec sa petite famille devant le générique de fin, se demandant si c’était bien là la fin de Villeneuve.
* On suppose que, dans ce cas particulier, on fasse appel à « l’intelligence du spectateur »…