Vous n’allez pas reconnaître le Professore. Une Vie Violente n’est pas très bien filmé, il n’est pas bien joué (comédiens amateurs oblige), on ne comprend pas bien le dialogue (même raison), on ne comprend pas bien ce qui se passe, à cause d’une mise en scène qui ferait bien de prendre des leçons de clarification chez Hitchcock pour – par exemple – bien distinguer ses personnages.
Pourtant cette Vie Violente a bluffé le Professore. Parce que le sujet est fort et parce que, justement grâce à ses comédiens amateurs, filmé dans le jus, tout est authentique. Le passage à l’acte d’un jeune bourgeois corse, la bascule du nationalisme idéaliste à la lutte armée, un sujet qui passionne depuis toujours. Comment devient-on Andreas Baader ? Comment passer de l’Université à la Kalachnikov ? Du petit banditisme à la l’islam intransigeant ?
C’est précisément le sujet, traité avec beaucoup de subtilité par Thierry de Peretti. A la fois ironique et empathique, le réalisateur jette sur ses personnages un regard presque affectueux. Même quand ceux-ci se laissent emporter par un idéalisme naïf et confus, mi-nationaliste, mi-marxiste. Mais après tout, qu’est-ce qui nous reste, si on n’a pas d’idéal ? De l’autre côté, il filme sans complaisance le banditisme, petit ou gros, qui gangrène le nationalisme corse des années 90.
Cette double dialectique fait tout l’intérêt de cette Vie Violente, qui invoque tout à la fois Pasolini et les guelfes et le gibelins du Dante de la Divine Comédie.
23 janvier 2018 à 13 h 04
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