Il y aurait plein de choses méchantes à dire sur Mute, ce Blade Runner du pauvre. On n’a pas trop envie, parce qu’on avait bien aimé Moon et Source Code puis que Duncan Jones, c’est quand même le fils de David Bowie.
Mais bon, copier Blade Runner à ce point pour n’en rien faire, était-ce bien nécessaire ? Piquer des sous à Netflix, refiler un scénario de jeunesse, pourquoi pas, mais si Duncan Jones semble avoir un vrai amour de la SF, il ne peut pas bousiller le genre comme ça.
La Science-Fiction part d’une ambiguïté congénitale ; est-elle, comme on le comprend en français, une extrapolation futuriste de la science actuelle, une format Black Mirror ? Ou comme on le prononce en anglais, une fiction située dans un background scientifique ? Mute n’est ni l’un ni l’autre*.
Projeté artificiellement dans une Europe fascisto-communiste d’un proche futur, cette enquête improbable d’un serveur muet (Alexander Skarsgård) pour sa chérie aux cheveux bleus (Seyneb Saleh) n’a rien de futuriste, rien de scientifique, rien de fantastique. Aucun des postulats émis par le décor (la dictature communiste, la guerre américaine perdue en Afghanistan, les drones qui servent des pizzas) ne vient influer l’intrigue. Tout le contraire de son illustre modèle, qui sur à peu près la même trame (une chasse à l’homme, des ennemis) en profite pour poser les questions vertigineuses que l’on sait sur l’impact des biotechnologies…
Ici, c’est une simple course poursuite, un décor d’opérette, des américains pédophiles et des citations en veux-tu en voilà**
Une fois de plus, le décor sert à cacher la faiblesse de l’argument initial, sans parler du scénario.
Et un premier constat, les films Netflix semblent moins réussis que les séries Netflix : un Mute raté, un Cloverfield Paradox marrant mais sans plus, et un Annihilation à voir.
On y va et on revient vous dire.
*Le projet initial, d’ailleurs, se passait de nos jours.
** La Low symphony de papa, la BD Blue de Joël Houssin, le Blade Runner de Ridley.