dimanche 26 mai 2019


Chernobyl
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Il y a une série en ce moment sur OCS, Chernobyl, qui est passée un peu sous le radar, la faute aux dragons, à l’hiver qui vient et tutti quanti. Il est vrai que cette série n’a rien pour elle : cinq épisodes, pas de stars (mais quelques bons acteurs*), un showrunner inconnu (Craig Mazin, qui n’a signé jusque-là que des… Scary movie !), un sujet plombant (mais dont tout le monde connaît l’histoire). Et la réalisation, qui épouse les codes du documentaire, n’aide pas non plus.

Pourtant c’est justement cette vocation pédagogique, totalement intégrée dans l’histoire, qui fait la différence. Pourquoi le réacteur explose ? Quels sont les risques encourus ? Quels sont les dégâts causés par la radioactivité ? Les réponses sont portées par des dialogues à la Sorkin, sans la veine comique. Elles restent extrêmement fluides, car incarnées par leurs personnages (la physicienne ukrainienne, le savant russe, le ministre).

Résultat : on est fascinés, et dans l’attente éperdue du prochain épisode. Et si le suspense reste minime, on a rétrospectivement très froid dans le dos, à l’idée d’être passés pas loin d’une apocalypse nucléaire qui n’aurait pas été cantonnée à mille kilomètres d’ici.  

Très sobrement, Chernobyl impose peu à peu son style. Johan Renck, clipper suédois, et réalisateur de quelques épisodes de Breaking Bad et de Halt & Catch Fire, révèle peu à peu ses profondeurs esthétiques. Un épisode finit ainsi dans un apex d’horreur, à la fois musical et cinématographique, avant un brusque fondu au noir laissant le spectateur dans l’expectative. La musique bruitiste, signée de Hildur Guðnadóttir, évoque distinctement la radioactivité.

Tout cela, très discrètement, est signé par trois absolute beginners (Mazin, Guðnadóttir Renck), et ne sert qu’un seul but : le cinéma.

* Jared Harris (Mad Men), Stellan Skarsgård (Avengers, Dogville) and Emily Watson (Breaking the Waves)  


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