En 1936, auréolé du succès de Mayerling, Joseph Kessel est accueilli en grande pompe à Hollywood. Déçu par les contraintes qu’on lui impose, il en tire néanmoins un petit livre assez bien vu sur l’Usine à Rêves, Hollywood, film mirage.
Ce qu’il écrit à l’époque est encore valable aujourd’hui. Voilà par exemple ce qu’il fait dire à un producteur :
« N’oubliez jamais les petites villes d’Amérique, si vous faites des scénarios pour nous. Ne pensez plus que vous travaillez pour les spectateurs évolués d’Europe. Ce n’est pas de New York dont nous vivons, ni de Chicago, ni d’aucun des grands centres. Nous dépendons des cités sans joie, des bourgades où habitent les gens les moins cultivés, les moins informés, les plus primitifs, les plus enfantins, et les plus naïvement sentimentaux du monde. Il faut les faire rire du ventre et non de la gorge. Il ne faut pas les faire pleurer, mais tout juste humecter gentiment leurs paupières. Il faut éviter tout ce qui suppose une connaissance quelconque géographique, historique, ou scientifique. Il faut éviter tout effort de l’intelligence, toute égratignure aux conventions. Songez à cela, et tâcher de nous être indulgent. »
Ça pourrait être du Michael Bay ou du Jerry Bruckheimer…