Chez Wes Anderson, il y a tout ce qui normalement devrait irriter le cinéphile : un style, certes unique, mais répétitif (cadre carré, regard caméra, travelling latéral, maquettes, etc.) Toujours la même mécanique scénaristique, du général au particulier, répétée à l’envi. Des personnages stéréotypés, dans des univers qui le sont encore plus.
Vingt ans plus tard, The French Dispatch ne change rien à l’affaire. Les Royal Tenenbaums newyorkais sont réincarnés en midwesterns exilés à Angoulême, France. Mais le changement de carte postale n’affecte nullement le cinéaste : de l’Inde à Rhode Island, de la Mitteleuropa au Japon, rien ne change sous le soleil andersonnien.
Et ici, à Angoulême, la magie opère de nouveau. Car derrière cette âme d’enfant qui construit encore et toujours la maquette du Calypso, fait tourner ses trains électriques et ses Circuit24, et qui joue aux Playmobil avec ses personnages, il y a un cerveau d’adulte.
Dans tous les films de Wes Anderson, même ceux directement destinés aux enfants, les problématiques restent sérieuses : les parents absents (Fantastic Mr. Fox), la pollution (L’Île aux Chiens)… Même si The French Dispatch est plutôt léger et comique, la mort et la folie rôdent.
On ne peut pas dire qu’on rit à chaque instant, mais ce qui est sûr, c’est qu’à la fin on pleure.