Depuis Regarde les Hommes Tomber, on n’a jamais raté un film de Jacques Audiard. Parce qu’on n’a jamais cessé d’être émerveillé devant ce cinéma rigoureux, inventif dans la forme et respectueux du fond. Là où le cinéma s’égare le plus souvent dans les bons sentiments du Film de Festival, Jacques Audiard privilégie la documentation et la préparation ; en un mot, il travaille.
De sorte que ses films ont toujours cette rigueur et cette justesse. Son œuvre est l’une des rares capable de représenter la banlieue, les immigrés, les migrants, comme des personnages normaux, sans les étiquetter des clichés habituels : victimes de l’injustice ou trafiquants de drogue.
C’est le cas de ces Olympiades, qui suit quatre Français normaux. En l’occurrence un professeur noir, une serveuse asiatique, et deux autres « française de souche » agent immobilier et camgirl. A aucun moment, ces personnages ne seront définis par leurs origines. Ce qui est si rare dans le cinéma français ou américain.
Pourquoi alors cette petite déception à la sortie du film ? Peut-être que pour la première fois, Audiard semble un peu à côté de son sujet. Co-écrit avec Céline Sciamma et Léa Mysius, le scénario ne semble pas toujours juste* : un défaut inédit chez Audiard. Certains dialogues sont pontifiants, sur l’école, sur le handicap… Quant à la sexualité de cette génération de trentenaires qui semble être le sujet principal, (et donc l’intérêt du metteur en scène), on ne peut s’empêcher d’y voir le regard d’un sexagénaire qui ne comprend pas bien les us et coutumes (Tinder/Youporn) de cette nouvelle génération.
Néanmoins le film reste graphiquement magnifique et tout à fait visible. Il est juste un peu en-deçà de nos attentes…
* Et le pompage d’une vanne de Seinfeld, au passage…