C’est le pari fou de l’année : adapter un jeu vidéo mondialement connu, League of Legends, et en faire une série animée. Riot Games, qui produit le jeu et la série, n’est pas le premier à tenter le coup ; mais adapter des jeux vidéo a toujours été une catastrophe esthétique et scénaristique (Super Mario, Street Fighter, Assassin’s Creed…)
Et là, miracle ! Que le Professorino me pardonne – lui qui m’a conseillé Arcane -, mais à partir de cette très basique Battle Arena, où des combattants s’affrontent pour « détruire le Nexus », Riot games parvient à tirer une série émouvante, brillante, et esthétiquement époustouflante de près de six heures.
Dès la première scène, Arcane est une claque graphique : les décors font penser au meilleur de Miyazaki, l’animation est bourrée d’idées, chaque plan contient au moins une idée.
Scénaristiquement, ensuite, en prenant le petit bout de la lorgnette (plutôt que les Combats-Titanesques-pour-s’emparer-du-Nexus), et en repartant en arrière, à l’origine des personnages. Gros avantage : contrairement à des jeux « à héros » (Metal Gear Solid, Lara Croft), le background des personnages est peu développé dans LoL, ce qui laisse beaucoup de latitude aux scénaristes. Mais ça ne suffit pas. Dans Arcane, on sent un cœur qui bat. Si la série s’appuie sur les clichés habituels (la ville riche sur les hauteurs et ses princes marchands dédaigneux, la ville basse et son lumpen prolétariat qui n’a que la violence pour survivre), Arcane transcende très vite son ADN animé. Il y a de la violence : c’est presque contractuel, vu le sujet et le public visé. Mais cette violence n’est en aucun cas glorifiée, jamais jouissive. Elle n’amène que le drame et le chaos : on est plus chez Scorsese que chez Tarantino.
Arcane est la divine surprise de cette fin d’année.
17 décembre 2021 à 11 h 34
Arcane est entièrement disponible sur Netflix, probablement la plateforme de streaming la plus qualitative du PAF. Les autres brillent par la quantité, et souvent par la qualité. Mais sur Netflix, pas beaucoup de déchet…