Mystère du cinéma, mystère de la critique.
Comment un cinéaste réputé (Kiyoshi Kurosawa), et un coscénariste, dont nous avions adoré Drive My Car (Ryūsuke Hamaguchi), ont-ils pu pondre une telle bouse ?
Le Masque et la Plume – pour une fois unie – dit le plus grand bien des ces Amants Sacrifiés. Libé, souvent acerbe, n’a pas l’air d’avoir trop aimé, mais cache les énormes défauts du film par des allusions en demi-teinte.
Mystère, mystère…
Le pitch de ces Amants Sacrifiés ? Un couple de Japonais riches et cosmopolites, occidentalisés et modernes, voient le Japon sombrer dans le fascisme à l’aube de la seconde guerre mondiale. Témoin des exactions de l’armée nipponne en Mandchourie, le mari décide de prévenir la communauté internationale. Sa femme, qui lui est très fidèle, est tout simplement terrorisée à cette idée… Que va-t-elle faire ? C’est l’enjeu de ce film, avec des rebondissements assez malins, que ne renierait pas Alfred Hitchcock. Mais c’est justement tout le problème ! Le film semble tourné en 1940, avec Cary Grant et Joan Fontaine. Mêmes dialogues, même jeu d’acteur empesé et théâtral. La reconstitution ultra proprette et pasteurisée du Japon, est essentiellement filmée en studio. Et les situations n’ont aucun sens. Un exemple parmi d’autres : un proche du couple est sauvagement torturé, mais dans la scène suivante, nos héros continuent tranquillement leurs préparatifs en rigolant.
Devant ce naufrage, la critique semble aveugle, invoquant la grande qualité technique*, l’espionnage comme métaphore de la crise du couple, Patrick Modiano et Alfred Hitchcock…
Mais c’est chercher bien loin. Le film est tout simplement ridicule.
*La belle affaire : du numérique 8K refloutée en post production pour faire vrai…