Gérard Depardieu, Guillaume Nicloux, Gaspard Ulliel et la Guerre d’Indochine, dans un film visiblement très esthétique : plein de bonnes raisons de jeter un œil aux Confins du Monde. L’exemple même du film ambitieux ; ça se voit dès le premier plan, Ulliel au ralenti dans une cour de caserne brumeuse… Réaliste et énigmatique, ça promet.
Mais on est vite déçu par les (trop ?) nombreuses ambitions du film. Car rien ne va jamais bien loin. Gaspard Ulliel veut venger son frère, mais ce frère reste un concept éthéré : on ne sait rien de leur relation, ni de sa mort. Ça reste un mantra, que le protagoniste répète à l’envi. Depardieu est présenté comme un observateur mystérieux, le français d’Indochine éternel qui parle par énigme, mais on n’en saura jamais plus. On entrelarde tout cela de raids dans la jungle avec des troupes autochtones, désapprouvés puis approuvés par le commandement, sans qu’on sache trop pourquoi. Sans parler de la love story avec une prostituée, filmé sans beaucoup de conviction.
L’originalité dans la mise en scène, très belle en soi, est au service d’un scénario très lâche dans un film qui ne sait pas où il va.
De sorte que le film ressemble à une sorte de note d’intention pour un Apocalypse Now! à la française dont il n’a que le nom.
Une note d’intention, c’est ce que l’on envoie aux producteurs pour expliquer, artistiquement, le film qu’on veut faire.
Mais ce film, ensuite, il faut le faire.