Il faut toujours rester à la fin pour regarder les génériques. Au-delà de la petite blague finale, le générique de Nope est graphiquement très intéressant. Il commence par un texte blanc sur fond jaune ; imperceptiblement il fonce tout doucement vers l’orange, puis le rouge, jusqu’au noir. Fade to Black. Aucun sens particulier à ce générique, si ce n’est y voir la métaphore de Nope, le film qui passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel du genre, pour finir par la tragédie. Et nous éblouir.
Car il y a tout dans Nope. Le film commence lentement, comme une belle histoire de dresseur de chevaux western, tourne au drame, puis au film d’horreur, s’apexe dans le film d’action (façon Steven Spielberg), pour terminer en tragédie. Rares sont les cinéastes capables de faire cela. James Cameron a réussi (une fois) avec Titanic. L’empilement de ces différents genres pourrait tourner au pudding indigeste ; au contraire, ici, chacun s’insère parfaitement dans le précédent, comme une poupée russe.
Après les Frankensteins fascistes de Get Out, les doppelgängers revanchards d’US, on est une fois de plus fasciné par Jordan Peele, capable d’un cinéma qui déborde d’idées, tout en restant capable de les ordonner parfaitement.
Nope n’est pas en reste. Il y a une idée par plan, sans compter les idées visuelles. Trois films, trois réussites, des motifs récurrents : Jordan Peele est en train de constituer ce qu’on pourrait tout simplement appeler une œuvre.