L’Art, et particulièrement le septième d’entre eux, est une affaire de prototype. Il y a des méthodes pour faire un film, mais jamais aucune recette pour faire un succès.
Blonde est l’incarnation absolue de ce principe. Le projet a tout ce qu’il faut : un sujet ambitieux et fédérateur (Marylin Monroe, star parmi les stars, à jamais au firmament), un roman à succès de Joyce Carol Oates, unanimement salué par des millions de lecteurs, un authentique génie du cinéma à la réalisation (Andrew Dominik, Monsieur L’Assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford et Cogan: Killing Them Softly), un producteur plutôt doué (Brad Pitt), de très grand musiciens à la BO (Nick Cave et Warren Ellis), des acteurs talentueux (dont une Ana de Armas époustouflante). Le film n’est pas putassier, il est au contraire plutôt indie, mêlant les obsessions formelles de Dominik à une narration ambitieuse et littéraire.
Pourtant, Blonde ne décollera jamais. Andrew Dominik n’arrive jamais à nous intéresser – c’est un comble ! – au sort de Marilyn. Ses malheurs nous sont consciencieusement exposés : mère psychotique, père abandonneur, producteurs profiteurs, amants manipulateurs, mari cogneur ou distant… Ana de Armas pleure beaucoup, mais on s’en fiche ! Et ça, c’est le pire crime en matière de fiction. Si on ne s’intéresse pas au personnage, il est totalement impossible de s’intéresser au film. Pourquoi Dominik n’y arrive pas, le mystère reste entier.
Hollywood n’a pas de recettes, et c’est très bien comme ça.
5 septembre 2023 à 20 h 17
Moi je sais, moi M’sieur je sais ! Je peux M’sieur, je peux le dire ?
Merci.
On ne s’intéresse pas assez aux personnages parce que les scènes sont trop graphiquement stylisées, trop fabriquées, on écoute une fable, on n’assiste pas à une vie.
Les deux autres films de Dominik que vous citez, réellement excellents, ne m’avaient pas donné cette impression d’artificialité (malgré le soulignement en rouge, le mot existe. Quel primitif cet éditeur !).
6 septembre 2023 à 11 h 00
Oui Monsieur Ostarc… je me suis proposé les mêmes réponses. Mais l’artificialité existait aussi dans les autres films. Le problème est qu’il ne rend pas AMHA Marylin sympathique dès le début. Il la présente plutot comme une idiote qui devient intelligente. C’est conforme à la réalité, mais est ce qu’il n’aurait pas dû la présenter plus intelligente au début ?