On avait conseillé au Professore il y a bien longtemps l’un des très bons films canadiens de Denis Villeneuve. Il s’agissait d’Incendies, son dernier film avant Hollywood.
Incendies, c’est l’occasion de vérifier dans la pratique la théorie qui veut que Villeneuve est un simple metteur en images (Dune, Blade Runner 2049). Quand il n’a pas de scénario en béton, c’est un idiot de cinéma : il ne sait que faire. Et cette idiotie est cachée par de géniaux chef opérateurs, qui permettent au québécois de signer des œuvres magnifiques, mais vides de sens.
Mais ici, Villeneuve n’a pas Roger Deakins, il n’a pas Greig Fraser, et le scénario d’Incendies, adapté de la pièce de Wajdi Mouawad, est très bon.
De nos jours, des jumeaux – frère et sœur – découvrent à l’ouverture du testament de leur mère, que leur père n’a pas disparu, et qu’ils ont un frère, tous deux restés dans leur pays d’origine, qui ressemble au Liban. Leur mission : leur porter chacun une ultime lettre, signée de sa main.
Nawal est loin d’avoir été une mère parfaite, et ses enfants n’ont aucune envie de se plier à ses dernières volontés. Néanmoins, la fille s’exécute. Le film va désormais tisser un tapis persan composé de deux intrigues : d’une part , la fille et le fils à la recherche de leurs origines, et d’autre part, trente ans auparavant, la vie de la mère dans ce pays en proie à la guerre civile.
Ce tissage implacable, absolument maitrisé par Villeneuve, va faire émerger une image au centre du tapis : la Vérité, rien de moins. Incendies est un film sur le tabou ultime, qui taraude chacun d’entre nous : découvrir qui étaient réellement nos parents, avant que nous n’existions.
Villeneuve est à la fois le maître parfait de son intrigue et de ses comédiens, il maintient la tension de bout en bout, tout en parvenant à créer des personnages sensibles et variés. Trois ans plus tard, il fera de même sur son premier film Hollywoodien : Prisoners.