Miracle ! Ridley Scott, le cinéaste décorateur, enlumineur de génie mais storyteller moyen, réussit là où Gladiator et Kingdom of Heaven avait échoué.
Difficile à expliquer pourquoi, vu la cote critique et publique de ces deux films.
La différence tient peut-être à peu de choses : pour une fois, Ridley Scott ne pête pas plus haut que son cul ! Il assume, à l’instar de son frère Tony, la vocation d’entertainment de son cinéma.
Mieux : cette intrigue basique (comment Robin Longstride, archer anglais, devient hors-la-loi), il l’enrichit de broderies dorées : intrigues politiques à la cour, condition de vie des paysans anglais, rôle de la femme, habeas corpus, etc.
Comme si, libéré des contraintes du « message », Ridley Scott pouvait à sa guise insérer des subtilités historiques. Tout le contraire, en somme, de Kingdom of Heaven, bouffi de son message, débordé par son ambition, et incapable de raconter un histoire à laquelle on s’attache.
Ici, tout est fun pour medieviste geek (bagarre, embuscade, siège, bataille rangée), et rien ne vient le troubler (armes réalistes, décors impec, costumes aux petits oignons) : on n’en attendait pas moins de l’ex-décorateur de pub.
Robin des Bois se permet même de faire rire, et de partir dans la love story sans tomber dans le ridicule.
On mettra quelques bemols : un fin un peu vite torpillée (on aurait pu mettre autant de subtilité dans le retournement de veste de Jean Sans-Terre, et un peu d’explication sur l’enfant au masque), et une énième resucée de Il Faut Sauver le Soldat Ryan. Il faut croire que les images de synthèse du débarquement sont libres de droits, vu le niveau de pompage : Troie, Le Choc des Titans, et maintenant Robin des Bois. Autre emprunt : l’air de Women Of Ireland, piqué à Barry Lyndon. Depuis 1976, on croit avoir affaire à un air traditionnel irlandais, alors qu’il s’agit dune pièce contemporaine de Sean O’Riada.
Soyons juste : on attend le sequel avec impatience.