jeudi 17 juin 2010


France – Mexique
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Quel meilleur dramaturge que le sport ? Et parmi les sports, le football ? Bien sûr, il y a le tennis, un affrontement à mort, une corrida terrible sur le sable rouge de Roland Garros. Le rugby, une histoire, éternellement recommencée, de sang anglais versé à Twickenham sous les coups des barbares celtes…

Mais le foot, c’est le vrai drame, la vraie tragédie antique. Car quelque soit la physionomie du match, il y a toujours la possibilité d’un retournement de situation. Même à la 88ème minute devant TF1, en ce 17 juin sinistre, on croit encore que les français vont coller deux buts aux petits aztèques ridicules qui humilient nos stars d’Arsenal et du Real de Madrid. On y croit, malgré l’expérience, malgré les statistiques implacables.

On ne veut pas admettre qu’on est déjà mort.

« J’avais une radio portable que je trimballais partout. A la plage, au cinéma – là où j’allais ma radio allait. J’avais seize ans. Et j’écoutais les matches des Dodgers sur le toit. J’aimais être seul. C’était mon équipe. J’étais le seul fan des Dodgers dans le quartier. Je mourais intérieurement quand ils perdaient. Et c’était important de mourir seul. Les autres me dérangeaient. Il fallait que j’écoute tout seul. Et la radio me disait si j’allais vivre ou mourir. »
Don De Lillo, Outremonde


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