Après quelques péripéties footballistico-magnetoscopières, on peut enfin finir Carlos, le biopic-événement. Enfin, l’événement auto-décreté par Canal+. Car à part l’ambition du projet, on ne voit pas vraiment ce qu’il y a d’événementiel dans Carlos.
Carlos, le film, c’est un peu Tintin. Le Tintin première période, Tintin chez les Soviets, Tintin en Amérique, Tintin au Congo, etc. C’est à dire, pas le meilleur. Comme disait Hergé : « A l’époque, on dessinait une page, un gag à la dernière case, et on ne savait pas trop ce qu’on mettrait la semaine suivante »
Dans Carlos à Vienne, Carlos au Yémen, ou Carlos et les Prostituées de Budapest, c’est pareil. Assayas est un garçon doué avec une caméra, pas de doute. Les acteurs sont bons, la reconstitution est aux petits oignons (on a ressorti une impressionnante collection de 4L, de R12, et de Peugeot 304.
Mais c’est à peu près tout.
Carlos tue des gens, fait de grandes déclarations dialectiques, des dizaines d’avions se posent sur des dizaines d’aéroport, « Aéroport d’Aden, Mai 1979 », Carlos
fume une clope, boit un verre de whisky, achète des armes, fume une autre clope, vend des armes, fume une clope, prend des otages à Vienne, fume pleins de clope… Carlos est une véritable ode au tabac, pas une scène sans voir nos héros la clope au bec, quand ce n’est pas Jacques Vergès ou le Colonel Rondot. Au bout d’un moment, ça en devient presque drôle.
On se croirait un peu dans OSS 117.
Mais à part ça ? L’influence de Carlos qui décline dans les années 80, son discours qui devient confus, ses errements dialectiques, on ne saura rien du personnage Carlos, de ses envies, de ses motivations. Est-il un grand méchant ? Un benêt !? Un voyou auto-investi d’un rôle historique ? On ne le saura pas, parce qu’Assayas reste sagement à distance, sans prendre parti. Pas de point de vue, pas d’enjeu, pas de personnage, pas de dramaturgie.
N’accablons pas trop le cinéaste ; on sent bien qu’Assayas n’est que l’exécutant de luxe, la caution « intello » de Canal.
Intéressant pour quiconque s’intéresse à la periode, mais inintéressant pour le cinéphile. Rétrospectivement, La Bande à Baader, c’était pas mal.