mardi 9 mai 2023


L’étoffe des rêves
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

L’étoffe dont sont faits les rêves. Quelle plus belle définition du cinéma ? C’est pourtant du Grand Bill, William Shakespeare lui-même, que vient cette expression, tirée de La Tempête*.

Cette phrase a eu une belle postérité au cinéma. C’est une des répliques culte du Faucon Maltais, et même sa conclusion morale. De quoi est faite cette statue de faucon qui accumule la convoitise – et les morts ? Réponse de Bogart-Sam Spade: « The, uh, stuff that dreams are made of** ».

Mais La Tempête a eu aussi d’autres adaptations, dont la plus étonnante est probablement Planète Interdite, avec Leslie Nielsen. Oui le futur Flic pour Sauver la Reine ! L’argument est lointain mais semblable, un vaisseau spatial arrive sur Altaïr, une planète habitée par un seul savant et sa fille, comme Prospero et Miranda. Mais la planète est aussi peuplée de rêves, qui prennent une forme très physique.

Le Ludovico a vu La Tempête récemment, dans une toute petite salle, La Huchette, avec trois acteurs pour jouer tous les rôles***. C’était magnifique. Le metteur en scène, Emmanuel Besnault, n’avait gardé que la moëlle, et avec deux planches et trois bouts de chiffon, reconstituait une île, des bateaux échoués, une grotte…

Le théâtre, c’est aussi l’étoffe dont on fait les rêves.

* « We are such stuff dreams are made on, and our little life is rounded with a sleep » : « Nous sommes de la même étoffe que les songes et notre vie infime est cernée de sommeil. »

** Une anecdote rigolote en direct d’IMDb : il existe encore 3 statuettes du film de John Huston, et elles valent 1M$ chacune, soit trois fois ce qu’a coûté le film, et en fait au passage l’un des accessoires le plus chers du cinéma…

***La Tempête, de William Shakespeare
Mise en scène d’Emmanuel Besnault
Avec Jérôme Pradon, Marion Préïté ou Juliette Marcaillou, Ethan Oliel




mercredi 3 mai 2023


1776
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

1776, c’est bien sûr la date de la Déclaration d’Indépendance, du 4 Juillet, la Révolution Américaine, Independance Day, Roland Emmerich et Bruce Springsteen, mais je m’égare…

1776, c’est le nombre de critiques atteint ce jour sur Cinefast par le Professore Ludovico (avec Ted Lasso, voir ci-dessous) …

Ça se fête.




mardi 2 mai 2023


Ted Lasso
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

C’est le mystère du moment, une série que le Professore Ludovico qualifierait volontiers de gentillette, et qui pourtant le scotche à son téléviseur Sony, sans vraiment savoir pourquoi il est scotché d’ailleurs. Le Sage de la Belle Côte dirait qu’il est juste et bon d’aimer sans raisons, et même, qu’il est peut-être un peu fou de chercher ces raisons.

Pourtant, on est accro, on a envie de connaître la suite du truc. Un truc, par ailleurs, pas très original : Ted Lasso, un coach de foot américain est engagé pour entraîner l’AFC Richmond, une équipe de Premier League. Derrière cette bizarrerie se cache en réalité une vengeance : la propriétaire du club veut punir son ex-mari en rétrogradant son club fétiche. Les rebondissements sont convenus, mais les personnages sont très attachants, ce qui renforce l’idée qu’une série, c’est avant tout des personnages, et un film, avant tout une intrigue.

Il y a néanmoins quelque chose de mystérieux dans le charme de Ted Lasso, qu’on n’arrive pas à s’expliquer. On va continuer à chercher… ou pas !




vendredi 28 avril 2023


Donjons & Dragons : L’Honneur des Voleurs
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

Né du croisement improbable de la littérature de Fantasy* et du wargame napoléonien avec figurines, ce loisir était – quand nous l’avons découvert au début des années 80 – dans sa plus tendre enfance.

On créait un personnage sur une feuille de papier, en lui attribuant des caractéristiques chiffrées (sa force, son intelligence…), et on partait explorer des « donjons », sa plus simple expression ludique. Explorant virtuellement un ensemble de couloirs souterrains, nous y tuions à coup de dés le plus de monstres possibles… 40 ans plus tard, le Jeu de Rôles a bien évolué. Comme toute forme d’art, il a mûri. Des dizaines d’univers, des centaines de scénarios, bien plus subtils qu’une simple exploration de souterrains, ont été produits et joués. Et aujourd’hui, on incarne un personnage, on lui donne un passé, des dilemmes moraux : c’est un véritable personnage de fiction…

Tout ce que ne fait pas – somme toute – Donjons & Dragons, le film. Au-delà d’être un patchwork kitsch particulièrement laid, L’Honneur des Voleurs est une histoire ultra classique, sans personnages ni émotions. Des voyous à la ramasse, pitchés en une phrase (le père de famille négligent, la barbare en rupture de ban…) se retrouvent à lutter contre un mal antique qui veut détruire l’humanité… aka le scénario Copytop des studios hollywoodiens (Marvel & Co.) depuis des années…

Sur le plan visuel, pas mieux. En cela, le film respecte le matériau original : D&D a toujours été graphiquement atroce. Cinq éditions et quarante ans plus tard, il est toujours aussi laid : guerriers cheveux en brosse de quarterbacks texans, sorcières MILF peroxydées, châteaux dessinés par Disney… Normal pour un pays qui n’a jamais vu de châteaux forts… Le film fait de même en mélangeant allègrement des Marie-Antoinette, des Martin Luther et des épées antiques à la Conan le Barbare : tout ça est, pour les américains, est médiéval !

Mais le pire reste à venir : l’omniprésence du fan service, même pour le fan qu’est le Professore. Que le film cite visuellement des monstres (Mimic, Displacer Beast, Cube Gélatineux…), ou des objets magiques iconiques (Bag Of Holding , Horn Of Beckoning Death, Helm Of Disjunction…) fait plaisir. Mais le fan service sature littéralement les dialogues. Un name dropping totalement insupportable : Mordenkainen, Neverwinter, Baldur’s gate, etc., on cite même des règles du jeu…

Tout cela donne l’impression d’un gâchis (qui n’est pas immense, parce qu’on n’en attendait pas grand-chose), mais un gâchis tout de même. C’est mieux que le premier film de 2000, bien sûr, mais ça reste très loin de Game of Thrones, ou même de licences plus kitsch comme The Witcher ou Conan.

Et c’est dommage, car il y avait de la matière. D’une part, la partie comique est assez réussie, avec 2 ou 3 scènes cultes, et toute une série de blagues tongue-in-cheek pour initiés… Mais doublement dommage car Donjons & Dragons, le jeu, aurait pu s’appuyer sur les scénarios qui servaient de support à nos parties. Ces « modules » proposaient de belles aventures, mille fois plus originales que la lutte éternelle contre le grand méchant**… Hasbro n’avait qu’à se baisser pour les ramasser…

*Le Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien, le Cycle des Epées de Fritz Leiber, Elric de Michael Moorcock, Conan le Barbare de R.E. Howard, Terremer, de Ursula Le Guin…

** The Sinister Secret of Saltmarsh, où un repaire de pirates mène à complot d’homme-lézards
Castle Amber, où l’on explore la maison hantée d’une antique famille
The Secret of Bone Hill/The Assassin’s Knot, où l’on explore une ile pleine de mystères et où l’on résout un meurtre étrange
The isle of Dread, où l’on explore une ile peuplée d’antiques créatures
Expedition To The Barrier Peaks, un donjon qui se révèle être… un vaisseau spatial

etc.

Chronique publiée également sur Planet Arrakis




mercredi 26 avril 2023


The Last of Us
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Bien sûr il y a la hype, « la meilleure adaptation de jeu vidéo de tous les temps », Pedro Pascal et Bella Ramsey époustouflants dans Game of Thrones, et un showrunner top gun : Craig Mazin.

Tout ça est très excitant, mais maintenant on peut juger la bête sur pièce, merci Prime Vidéo, plus maline que HBO*…

Le résultat est mitigé… Certes, c’est probablement la meilleure adaptation de jeu vidéo, mais il faut dire que la concurrence est assez faible en matière. Les acteurs sont très bien, avec une opposition originale de deux badass (50 et 14 ans), assez inédite à ce niveau.

Mais pour le reste, The Last of Us est pèse son poids de clichés habituels du post apocalyptique version US. C’est l’apocalypse, mais seul un enfant pourra sauver le monde. C’est l’apocalypse, mais il y a quand même des endroits où on peut trouver des blousons neufs et du whisky on the rocks… C’est l’apocalypse, mais tout le monde n’est pas retourné à l’égoïsme…**

On est aussi un peu décus par l’aspect visuel du film, qui enchaine décors magnifiques et matte paintings au couteau, sans parler des monstres, conceptuellement géniaux, mais qui font un peu plastique. On attendait mieux, plus réaliste, plus trash, de la part de Craig « Chernobyl » Mazin…

Le genre post-apo mérite (un peu) mieux (dans la littérature : La Route, Je Suis Une Légende, La Vérité Avant Dernière…) ou au cinéma : Mad Max, Le Règne du Feu, Le Dernier Combat, Stalker…

*HBO incapable de proposer son service de streaming en France, alors qu’elle avait retiré les droits à OCS, après des années de bons et loyaux services

** Il est intéressant de noter que quand une résistance s’organise, elle est plutôt de tendance socialo-communiste. On partage tout, et, au final, ça finit en purée. Comme quoi, le Marché, ça a du bon…




lundi 24 avril 2023


Grand Paris
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Ce sont les mystères de la cinéphilie. La bonne surprise du mois. Une recommandation à la fin du Masque et la Plume. Un film court (80mn), qui colle parfaitement à une manifestation empêchant momentanément de rentrer à la maison…  Nous voilà donc au MK2 Bibliothèque à regarder Grand Paris. Grand Paris, le film de Martin Jauvat. Et le Grand Paris, la région où se déroule le film.

Et où se développe un pitch minimaliste, qui va pourtant aller très loin… Deux jeunes désœuvrés de Pantin, Momo (Sébastien Chassagne) et Renard (Martin Jauvat lui-même), acceptent la proposition mirifique (20 €) d’aller chercher un sac de beuh à Saint-Rémy-lès-Chevreuse. Mais sur place, leur rendez-vous ne se présente pas. Il faut rentrer et justement, plus de train !

Commence alors une épopée homérique : la banlieue parisienne comme Méditerranée et le métro, le RER, le Noctambus, comme Calypso. Nos deux héros (les Ulis ?) vont trouver sur le chantier du Grand Paris un objet couvert d’étranges hiéroglyphes (preuve – selon Renard – de la présence des Egyptiens au cœur de la Beauce), d’un Initié (par ailleurs contrôleur RATP), d’un livreur de burgers et de quelques sirènes…  

Le film est à la fois l’occasion de découvrir cette banlieue sous un regard nouveau, empli de poésie. Et aussi deux personnages de comédie, filmés tendrement, qui vont révéler bien plus que leurs stéréotypes.

Quant à l’intrigue – anecdotique, à l’instar du film – ne va faire que se déployer pour aller très haut.

Tout en haut, au plus près des étoiles…




vendredi 21 avril 2023


Esterno Notte
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Cette Nuit Eternelle, qui raconte l’enlèvement d’Aldo Moro, a tout pour plaire sur le papier. Le sujet, les protagonistes (les Brigades Rouges versus la Démocratie Chrétienne), le chaos des Années de Plomb, assorti d’une maîtrise technique imparable. Si vous connaissez quelque chose au sujet, ou que vous n’y connaissez rien, ça reste intéressant.

Bellochio a une idée, voir l’enlèvement de Moro au travers des yeux de ses protagonistes : Moro lui-même, sa famille, le Pape, Cossiga, le Ministre de l’Intérieur, le couple de brigadistes, etc. Mais il n’a pas de point de vue, à part présenter Moro comme une sorte de saint*. C’est oublier la situation de l’Italie, la Dici au pouvoir depuis des décennies, l’intransigeance des Brigades Rouges…

Mais ne cherchez pas à trouver du cinéma, il n’y en a pas. Marco Bellocchio filme l’action telle qu’elle arrive : à plat.

Pourtant, contrairement à d’autres, Bellocchio essaye d’en mettre, du cinéma, mais il n’y parvient pas. Il veut par exemple filmer le patriotisme de Cossiga. Que fait-il ? Il montre des drapeaux italiens, vert, blanc, rouge, qui flottent au vent, qui sont abaissés le jour de l’enlèvement d’Aldo Moro, ou qui flottent mollement. Ça c’est du cinéma. Une image, pas de dialogue. Ce drapeau qui flotte mollement, c’est l’angoisse qui traîne dans Rome, quasiment sous couvre-feu. A un moment, le drapeau de l’appartement de Cossiga s’enroule autour du mât. Métaphore : Cossiga est noué de l’intérieur par sa culpabilité vis-à-vis de Moro, par sa femme (qu’il ne l’aime pas). Tout est dit. Ce drapeau entortillé l’obsède, on le voit. L’épisode décolle… Mais Bellocchio se croit obligé de jeter du dialogue. Cossiga se lève « C’est beau un drapeau qui flotte au vent ».

C’est tout le cinéma que vous trouverez dans cette Nuit Eternelle

*Il a en plus l’outrecuidance de se la jouer Fellini, Moro portant sa croix Place Saint Pierre. La métaphore n’est pas légère, et elle tombe à plat, juxtaposée au réalisme du reste…




vendredi 7 avril 2023


In the Mood for Love
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films ]

Une pièce. Puis une autre, une chambre, un bureau plein de robes, des costumes, des cravates : In the Mood for Love tient à cela : des bouts de décor, des robes qui changent à chaque scène. On pourrait croire, à lire ce début de critique, que le Ludovico va se lancer dans une de ses diatribes dont il a le secret, contre l’esthétisme qui tient lieu de cinéma.

In the Mood for Love fait la démonstration inverse. Mettre l’esthétisme au service de l’histoire ; si ces costumes changent, c’est qu’ils ont un sens dans l’intrigue*. Ces décors petits mais magnifiques qui soulignent la promiscuité géographique et sociale du Hong Kong des années 50, qui ressemble à une prison plus qu’à autre chose.

Faut-il encore pitcher le sujet ? Vous avez dejà vu ItMfL, contrairement à ce snob de Professore, non ? Un homme et une femme emménagent en même temps. Pas ensemble, ils sont en couple chacun de leur côté. Mais on ne verra jamais le mari de Madame ou la chérie de Monsieur. Est-ce pour cela qu’ils vont tomber amoureux ? C’est que ce que suggère la musique-fatum qui ponctue le film et ramène le spectateur à chaque fois sur le chemin de la destinée.

Il y aura aussi un panoramique vertical sur une fumée de cigarette, des faux ralentis**. Au service d’un film court, qui semble aller très vite alors qu’il va très lentement.  

Du cinéma à tous les étages, vous dis-je.

* Qui vont par exemple déterminer qui trompe qui.
** L’image ralentit, mais pas le son
.




mercredi 29 mars 2023


The Offer
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Comment faire un film français à Hollywood ? C’est très simple, The Offer l’a fait. Prenez un sujet en béton : le making of du Parrain pendant l’âge d’or, Robert Evans, la Paramount, Al Pacino, Marlon Brando, Coppola, Mario Puzo, Dean Tavoularis… Prenez des bons acteurs (ressemblants et doués) pour les incarner. Reconstituez les 70s aux petits oignons, musique, bagnoles, fringues… Collez tout ça dans les décors pourris du lot de la Paramount, avec une cuiller de CGI qui se voit bien. Un scénario ? Est-ce nécessaire ? Cette histoire est tellement géniale ! Des personnages, pour quoi faire ? Une bonne imitation de Brando et ça fera le plat pour saucer ! On expliquera tout par les dialogues et rien par le cinéma…

Quel meilleur hommage la Paramount pouvait rendre à son plus grand chef d’œuvre ?




vendredi 3 mars 2023


La Nuit du 12
posté par Professor Ludovico dans [ Les films -Séries TV ]

On devrait toujours faire confiance à son instinct de CineFaster. Quand La Nuit du 12 est sorti, ça faisait pas envie. Et puis voilà, quelques mois plus tard, on est pris par la hype. Le film gagne tout aux Césars, il est élu Meilleur Film Français de l’Année par les auditeurs de France Inter. Comme le dit le Rupélien, « malgré ses récompenses officielles, c’est un très bon film ».  

Dominique Moll intervient d’ailleurs très justement au Masque et la Plume, et invoque les deux David : Fincher (Zodiac) et de Lynch (Twin Peaks). En réalité, il faut se méfier des gars qui parlent bien de cinéma, les conseilleurs ne sont pas toujours les payeurs. Et on est payés pour le savoir, ici, à CineFast.

Mais on se fait prendre comme un bleu, on a soudain envie de cette Nuit du 12. Ça tombe bien, ça passe sur Canal. Et ça commence, en effet, comme dans Twin Peaks : une jeune femme assassinée, les flics qui débarquent, qui doivent annoncer la nouvelle aux parents effondrés, tandis que la communauté apprend la nouvelle. Mais le début de La Nuit est plat, ennuyeux, irréaliste…

Qu’on soit clair, on a bien compris l’intention : Moll ne veut pas faire un thriller à la Fincher, ni un mélo à la Lynch. Le réalisateur d’Harry, un Ami qui vous veut du Bien est dans une veine naturaliste, qui vise la sobriété. Mais la sobriété n’est pas l’ennemi de la subtilité. Pourquoi ces dialogues à l’emporte-pièce ? Pourquoi ces personnages taillés à la serpe ?

Moll a un message à faire passer, très bien… Les femmes sont tuées par les hommes et ce sont majoritairement des hommes qui enquêtent sur ces hommes qui tuent des femmes. C’est un message intéressant, et légitime, sur les féminicides. Mais est-ce que ça ne peut pas être dit plus subtilement que par un personnage qui débarque et prononce exactement ces mots ?    

Tout est possible au cinéma, mais il faut travailler. Si ces personnages sont servis par d’excellents comédiens (Bastien Bouillon, Bouli Lanners…), ils sont seulement esquissés (le vieux flic en colère, parce que sa femme le trompe, le jeune flic solitaire, qui prend cette enquête particulièrement à cœur, etc. Tout cela existe probablement dans la réalité ; mais Dominique Moll n’arrive pas à incarner ces idées. Pour cela, il lui faudrait développer ces personnages, en faire autre chose que des figurines de plomb qu’on dépose dans ce décor. Leur donner des dialogues vivants, pas des slogans…

C’est tout le talent des vingt premières minutes de Twin Peaks où, en quelques gestes, une réplique, une paire de chaussures, la série installe son univers et ses personnages.

Il ne suffit pas d’invoquer Lynch et Fincher. Il faut un peu s’en inspirer.