vendredi 16 décembre 2022


Barbie
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

C’est la bande annonce du jour : Barbie, de Greta Gerwig, est en ligne. Le projet était déjà suffisamment mystérieux. Faire un film sur Ken et Barbie, vraiment ? En castant le meilleur d’Hollywood dans les rôles-titres des jouets détestés des parents (et préférés des enfants) : Ryan Gosling et Margot Robbie ? Le tout sous le haut patronage de la chouchou indie Greta « Frances Ha » Gerwig ??? Quelle mouche a donc piqué Mattel ?!

Mais la bande annonce confirme le projet foldingue ; la Warner a carrément mis à son service rien de moins que le plus grand film de leur catalogue. Retrouvez-là ici…

Merci qui ?




vendredi 16 décembre 2022


Le Narcisse Noir
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Il ne fallait pas rater Le Narcisse Noir, car c’est le film culte du parrain du Queens, Martin Scorsese : pour lui, le plus grand film érotique qui soit. Normal, il y a des bonnes sœurs, un gars torse nu et un monastère himalayen bâti sur un ancien harem. On en fait plus, des films comme ça !

Sous la supervision de la jeune Clodagh (Deborah Kerr, la fixette de Michael Powell), une demi-douzaine de sœurs sont chargées de reprendre ce harem pour en faire un monastère chrétien sur les hauteurs de l’Himalaya. Sur place, elles devront gagner la confiance de la population locale, calmer les chaudasses (Jean Simmons), et se calmer elles-mêmes, devant le torse poil du bellâtre local (David Farrar)…

Evidemment, pas de sexe, on est en 1947 et il n’y a rien à l’écran, mais comme il est dit dans Mathieu 13:13 : « que ceux qui aient des oreilles entendent ! » Chez Powell, on est dans la sensualité bondage, tout en refoulement. Un regard qui dérape sur un torse, un stylo qu’on caresse, des lèvres qui tremblent…

Chaud comme la braise, on vous dit…  




jeudi 15 décembre 2022


Colonel Blimp  
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Voilà un drôle de film, maintenant ! Qui commence comme une comédie sur la Seconde Guerre Mondiale avec une trépidante course-poursuite. 2h43 plus tard, Colonel Blimp se sera révélé une tragique réflexion sur l’amour, la mort et l’écroulement de l’Europe.

Le projet lui-même est étrange. Adapté d’un comic strip parodiant les vieux officiers anglais, Michael Powell transforme ce personnage iconique des valeurs anglaises en une histoire d’amitié anglo-allemande au long cours. La structure déroute tout autant. Le film commence par un jeune officier qui fait prisonnier, lors d’un exercice, le Colonel Blimp. Son argument : à la guerre comme à la guerre. Si les nazis trichent, les Anglais doivent aussi tricher pour gagner la guerre. Tout le contraire de ce que pense le Colonel Blimp : seules les valeurs traditionnelles de l’Angleterre : honneur, probité, respect de l’ennemi permettront de l’emporter.

On croit alors que le jeune homme est le héros du film, mais par une ellipse étonnante, le Colonel Blimp plonge dans la piscine du sauna et réapparait, quarante ans plus tôt, en jeune et fringant officier début de siècle. On ne suivra désormais que lui. Parti déjouer un complot anti-anglais en Allemagne, Blimp affronte en duel Théo, qui devient son ami. A tel point que Blimp le jette dans les bras de son amie Edith : les voilà mariés !  

On va suivre alors leurs différentes rencontres, alors que la guerre enflamme l’Europe : sur le front de 14, dans un camp de prisonniers en 1919, puis en réfugié du nazisme en 1939. Dans le même temps, une histoire d’amour, perverse et contrariée, irrigue le film. Edith, dont Blimp a compris trop tard qu’il était follement amoureux, et qu’il n’aura de cesse de se réincarner dans d’autres femmes (une infirmière, une épouse, une jeune militaire, toutes interprétées par Deborah Kerr…)

Film à la fois très conservateur et très sexuel, Colonel Blimp est ce drôle de mélange : une ode à l’Angleterre Eternelle, et un long poème fétichiste à Deborah Kerr, tout en étant également crypto-gay.

Si avec ça, vous n’avez pas envie d’y jeter un œil, c’est à désespérer de CineFast




dimanche 11 décembre 2022


Same old story (morning glory)
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Alors voilà… L’équipe de France de football est en demi-finale de la Coupe du Monde pour la 7e fois de son histoire. Les haters, qui, il y a 3 semaines, promettaient de boycotter l’Odieuse-Coupe-du-Monde-du-Qatar ressortent en urgence le drapeau bleu-blanc-rouge, les maillots 98 et leur 45 t de Gala, le bien nommé Freed from Desire. A commencer par les politiques ; le premier d’entre-eux nous abjurant de ne pas politiser le sport mais twittant à chaque match…

Les bobos parisiens (donc je m’enorgueillis de faire partie) ne sont pas choqués de fumer en terrasse sous des radiateurs au gaz, mais s’étaient scandalisés de cette odieuse Coupe du Monde climatisée.

Comme d’habitude, le football est l’exutoire commode des passions tristes ; il ne viendrait à personne l’idée de critiquer le Festival de Cannes qui convoie en jets privés le gratin hollywoodien et organise des parties sur les méga-yachts de la Baie d’Antibes. Ni de s’étonner de dépenser de 250 M$ de dollars à réaliser un film écologique… entièrement en image de synthèse.  

Le football est le loisir du peuple ; la culture, c’est la meilleure façon de montrer que l’on en fait pas partie.




mardi 6 décembre 2022


Magnum
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Séries TV ]

Voilà… Trente ans après, je sais enfin la fin de Magnum. Et la vérité sur le mystérieux Robin Masters ! Occasion aussi de constater ce que trois décennies font à la cinéphilie…  

Magnum était dans les années 80 une série moderne, rapide et comique. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Le charme des acteurs est toujours là, en particulier Magnum/Higgins et leurs doubleurs français… L’action a pris un énorme coup de vieux, puisque l’on est habitué à des chorégraphies pyrotechnique bien plus spectaculaires. Mais surtout, la série semble aujourd’hui pesamment moralisatrice. Les intrigues ne tiennent pas très bien la route et les rebondissements sont un peu forcés (mais ne serait-ce pas le lot des séries mainstream façon The Closer/NCIS ?)

Pourquoi est-il plus facile de regarder un film des années 50 ? Probablement justement, grâce à la qualité de l’écriture, qui seule, peut survivre au temps.




lundi 28 novembre 2022


Pleasure
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Rares sont les bons films sur la sexualité, et encore moins sur la pornographie. Depuis Day One, le cinéma exploite le corps nu (des femmes, évidemment !) et rame beaucoup sur le sujet. Il y a bien sûr Boogie Nights, le chef-d’œuvre Altmanien de Paul Thomas Anderson, incroyable chassé-croisé dans le Los Angeles des années 70 : un très grand film assurément.

Mais maintenant, il y a Pleasure de Ninja Thyberg. Un film radicalement différent, qui raconte pourtant la même histoire : une jeune arriviste débarque dans la Cité des Anges et rêve de percer dans le porno. D’abord bercée par la sororité de quelques copines sympas qui y travaillent déjà, elle comprend vite qu’il faudra faire beaucoup plus pour arriver au sommet, ce fameux carré VIP des pool parties qui détermine qui fera fortune dans le business. Pour cela, il faut tout accepter : le sexe et la violence. Et Bella est prête à tout…

Au lieu de travailler le sujet avec délicatesse, Ninja Thyberg l’attaque frontalement, sans chichi. Visuellement, il y a peu de différence entre son film et un véritable porno.

Mais voilà : celui-ci n’a rien d‘érotique, il est glacial et glaçant, notamment grâce à son actrice, Sofia Kappel, formidable monolithe blond de vingt ans qui prête son regard vide (et calculateur) au personnage de Bella.

Mais aussi parce que la réalisatrice maintient de bout en bout la distance exacte qu’il faut pour traiter ce sujet. Zéro préjugés, et zéro complaisance.




jeudi 17 novembre 2022


First Cow
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Pour des raisons totalement inexplicables, nous n’avons jamais parlé de First Cow, le plus grand film de Kelly Reichardt, son cours marxisto-cinématographique sur la création de valeur et la naissance du capitalisme vers 1820, au fin fond de l’Oregon.

Deux femmes se promènent, de nos jours, sur les rives d’un fleuve. Un cargo passe au loin. Elles découvrent deux squelettes. C’est l’introduction sèche de First Cow, qui ne sera qu’un immense flash-back pour raconter comment ces squelettes se sont retrouvés là.

On découvre, deux cent ans plus tôt, ces trappeurs qui font commerce, en plein territoire indien, de la fourrure de raton laveur. Le Far West n’existe pas encore, les Etats-Unis sont une petite nation peuplée essentiellement à l’Est. Otis Figowitz est un jeune juif d’Europe centrale, qui va rencontrer King-Lu, un jeune chinois avec qui il se lie d’amitié. Les deux compères vont s’associer pour survivre dans ce monde brutal. Au-delà du symbole (l’Amérique est la fusion des peuples du monde entier) First Cow raconte rien de moins que la naissance (et la brutalité) du capitalisme.

Les deux jeunes gens, qui obtiennent immédiatement la sympathie du spectateur, vont « voler » le lait de l’unique vache de la colonie pour fabriquer de délicieux gâteaux. D’abord très appréciés, le duo va vite être démasqué.

A partir de ce tout petit argument, d’un décor minimaliste (un coin de forêt, la colonie, son pré, une vache), Kelly Reichardt crée comme d’habitude des personnages attachants, du suspens, et de l’émotion. Le B.A.-BA du cinéma. Mais elle fait aussi de la politique, sans faire du pontifiant.

Du grand art, vous dis-je.

NB : Tous les Kelly Reichardt passent en ce moment sur OCS. Vous n’avez pas d’excuse.




mercredi 16 novembre 2022


L’Innocent
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Miracle ! Est-il possible de voir encore un film comme cela en 2022 ? Une comédie policière, qui ne traite pas un sujet sociétal (transgenre/migrants/inceste/féminicide) ? Qui a un scénario qui se tient, passionnant de bout en bout ? Qui est drôle et profond à la fois ? Musclé, mais qui prend son temps ? Esthétique, sans être esthétisant ? Interprété par des acteurs géniaux qui font juste ce qu’il faut, c’est à dire ni trop, ni trop peu ? Un film qui sort des usines françaises, que l’on croyait délocalisées en Iran dans le garage Fahradi, ou – version écolo-électrique -, Made in Oregon par l’usine Reichardt ?

Ce film c’est L’Innocent, écrit et interprété par Louis Garrel, que l’on imaginait condamné par atavisme familial aux oubliettes de la Politique des Auteurs. Certes, le Professore arguera que c’est son chouchou Desplechin qui a incité Garrel à raconter cette histoire, et qu’il y a aussi la mafia de Roubaix (Roschdy Zem, Grégoire Hetzel, avec même des extraits musicaux de Roubaix, Une Lumière) …

Mais ce serait faire un bien mauvais procès au film, car il n’a besoin d’aucun parrain, avec dans les poches le meilleur acteur français de sa génération (Roschdy Zem), le come-back retentissant d’Anouk Grinberg, et la révélation Noémie Merlant, un peu coinçouille chez Audiard, mais qui révèle ici l’étendue de son talent. Garrel, lui, joue parfaitement ce rôle de fils perdu, à forte composante autobiographique…

Et si c’était cela la recette du succès ? Pas le Biopic, based-on-a-true-story, mais un truc très simple : la sincérité ?




dimanche 13 novembre 2022


The end
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films -Séries TV ]

John Ford disait qu’il mettait tout son budget dans le début et la fin ; le début pour installer les spectateurs dans le film, et la fin pour les faire revenir au cinéma. Si c’est assez évident pour le grand écran– il n’y a pas de grands films sans fin mémorable –, c’est moins vrai pour les séries.

On a pourtant déjà évoqué ici l’idée qu’une grande série, c’était avant tout une grande fin. Si elles offrent souvent plusieurs saisons éclatantes, cela se termine souvent en eau de boudin, pour de basses raisons de business model : les audiences ont baissé, la chaîne s’est désintéressée du show, et les créateurs sont déjà partis faire autre chose. Les acteurs ont la tête ailleurs, et la deuxième équipe tente de finir le travail…  

Les séries chefs-d’œuvre racontent tout le contraire : le showrunner est toujours là, il écrit le dernier épisode, voire le dirige. Il a la volonté de conclure son œuvre en beauté. Les grandes séries ont toujours un dernier épisode (ou simplement une dernière scène) qui résume totalement le show. C’est le cas de Sharp Objects, dans sa dernière phrase, ou de Six Feet Under qui n’a pas toujours été bonne – loin de là -, dans sa dernière scène. Game of Thrones, elle, finit une saison 8 décevante par un dernier épisode méta si décrié, concluant pourtant en beauté tous ses arcs, et donnant une leçon de storytelling au spectateur…

Voici donc pour le Professore Ludovico 17 fins étincelantes, et donc 17 séries chef d’œuvre…

The Wire
The Sopranos

Twin Peaks (saison2, évidemment)
Mad Men
Battlestar Galactica
Seinfeld

Friday Night Lights
The Prisoner
Justified
The West Wing
Six Feet Under
Game Of Thrones
Sharp Objects
Generation Kill
Godless




vendredi 4 novembre 2022


La Conspiration du Caire
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Faire un polar et faire un film d’espionnage, ce n’est pas la même chose. Si Tarik Saleh s’était parfaitement coulé dans les codes du polar pour Le Caire Confidentiel, il n’arrive pas complètement à tenir à distance dans cette Conspiration du Caire. Pour critiquer en trois phrases, le film commence très bien, devient un peu long, et casse un peu sa machinerie vers la fin.

Mais dans le détail, ça commence vraiment très bien. Adam est un jeune pêcheur égyptien qui obtient une bourse de la prestigieuse université islamique du Caire, Al-Azhar. Cette école forme des musulmans venus du monde entier, mais Adam, lui est venu pour étudier la théologie.  

Créée en 988, Al-Azhar jouit d’un tel prestige qu’elle est en Egypte un état dans l’état. Adam est vite identifié comme un agent potentiel par la Sûreté Nationale, qui le charge d’espionner au sein de l’université, et surtout de peser sur l’élection du Grand Mufti, en choisissant un imam favorable au pouvoir.

Dans cette première partie, Tarik Saleh récite son John Le Carré par cœur : pas un coup de feu, pas de violence, mais une énorme pression psychologique qui s’accumule sur le pauvre Adam. Mais quand les fils se dénouent, le cinéaste se sent obligé d’accélérer subitement vers la tragédie.

On ne révèlera rien, mais l’intrigue, jusque-là bien tenue, devient peu à peu irréaliste, avec de brusque changements de direction, alors que le reste du film était très subtil. La fin douce-amère rattrape un peu le film mais n’est pas complètement convaincante.

Dommage. Ces défauts sont légers ; on est d’autant plus déçu de passer si près d’un très bon film…