mardi 6 octobre 2015


L’Odyssée du Sous-Marin Nerka
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Dans ce sous-genre fétiche du Professore qu’est le film de sous-marin, il reste des pépites inconnues comme celui-ci, L’Odyssée du Sous-Marin Nerka, titre français minable de Run Silent, Run Deep Le film de Robert Wise (1958) était passé sous le sonar du Professore.

Ce Nerka est pourtant excellent, avec un scénario qui a probablement influencé Quentin Tarantino quand il a écrit un bout d’USS Alabama*. En effet, on retrouve dans Run Silent, Run Deep l’affrontement entre un commandant de sous-marin obsessionnel (Clark Gable) et son second, professionnel aimé de l’équipage (Burt Lancaster).

Le commandant Richardson en effet déjà perdu un sous-marin contre un destroyer japonais dans le détroit de Bungo, entre l’île de Shikoku et celle de Kyūshū. Depuis, il est sans mission et ressasse des idées de revanche. Quand il apparait que le commandant du Nerka va prendre sa retraite, Richardson intrigue pour subtiliser le sous-marin à Jim Bledsoe (Burt Lancaster), le second qui attendait le poste. Celui-ci s’incline mais reste aux aguets.

Deux histoires se superposent alors, faisant l’originalité du film : l’affrontement entre deux commandants aux personnalités antagonistes, et un péril plus grand, à la Moby Dick, la chasse à l’Akikaze, le destroyer japonais/baleine blanche qui a arraché non pas la jambe, mais une partie de l’âme du Commandant Richardson.

L’Odyssée du Sous-Marin Nerka propose un étrange mélange de maquettes ringardes très fifties** et de vraies prises de vues de sous-marins, à la limite du reportage journalistique, mais ce n’est pas l’intérêt de Run Silent, Run Deep. Sans véritable happy end, les deux capitaines se réconcilieront face à l’ennemi commun.

Robert Wise mettra vingt ans à refaire un film de sous-marin : Star trek***.

* Le scénario de Crimson Tide est signé Michael Schiffer et Richard P. Henrick, deux spécialistes du récit militaire, mais, non crédités au générique, il y a trois vrais pros du scénario (Robert Towne (Chinatown , Mission Impossible), Steven Zaillian (La Liste Schindler, Gangs of New York, Le Stratège) et Quentin Tarantino…

** Et des images d’archives qui piquent les yeux de l’amateur : des dauntless bombardant un sous-marin américain !

*** Relire la note 2 d’USS Alabama




jeudi 3 octobre 2013


Séance de rattrapage sous-marine
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films ]

Pour ceux qui ont raté – et ils sont nombreux K-19, Le Piège des Profondeurs*, Canal+ propose en ce moment une séance de rattrapage sur l’odyssée de ce sous-marin nucléaire soviétique. Mal conçu dès le départ, le K-19 rencontra de nombreux incidents avant d’éviter de justesse l’explosion de son réacteur, ce que l’on apprit seulement après la chute de l’URSS.

Le film, qui ressemblait à sa sortie à une GCA pour aficionado de film de sous-marin (avec l’improbable Harrison Ford en Capitaine Vostrikov), se révéla un excellent film.

Peut-être parce qu’il était réalisé par une certaine Kathryn Bigelow, qui a fait depuis le chemin que l’on sait.

*The Widowmaker en anglais, ça a plus de gueule…




dimanche 1 juillet 2007


Midway
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

Toujours passionné de seconde guerre mondiale maritime, je me suis attelé à Midway, avec Charlton Heston et Robert Mitchum. Bon, c’est mauvais, mais ce n’est pas grave. En fait, c’est un film très pédagogique, probablement tourné en 1976 pour remonter le moral des américains sortant du Vietnam, et exhorter les valeurs patriotiques de cette improbable victoire. Le film est donc scolaire (on se croirait sur History Channel), il n’y pas d’histoire, et on nous débite le nom des commandants et du nombre d’appareils qui reviennent se poser.

Le seul intérêt, c’est de lever une grave question historico-cinématographique : pourquoi les combats maritimes ne passent pas au cinéma ? Ca devrait être visuel, mais ce ne l’est pas. On ne comprend rien à la bataille, ça tire dans tous les coins, les avions mitraillent, mais on s’ennuie ferme. A côté, le cinéma de sous-marin prospère, chefs d’oeuvre décennaux à l’appui. Pourquoi ? On ne voit rien dans un sous marin, encore moins la bataille. L’action ne peut se dérouler que dans un huis-clos angoissant, à coup de « Immersion périscopique ! » et autres « Torpilles 3 et 4, feu ! »

Mais peut-être qu’être enfermé dans un sous-marin ou dans une salle de cinéma, c’est la même chose, non ?




mercredi 18 octobre 2023


The Creator
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Nous avions douze-treize ans, et nous nous repaissions de Science-Fiction. Les livres de Bradbury, Silverberg, Farmer, K. Dick , Asimov ou Frank Herbert nous faisaient rêver, mais c’était surtout leurs couvertures, signées Chris Foss, Caza, Frazetta, Vallejo, qui nous emmenaient au-delà des étoiles, au-delà de la galaxie. Au cinéma, les dômes en plastique de l’Age de Cristal, les vaisseaux oblongs des Thunderbirds n’étaient pas à la hauteur.

Puis le Discovery One de 2001 changea la donne (mais nous ne l’avions pas encore vu) et désormais tous les vaisseaux spatiaux lui ressembleraient : un fuselage blanc, avec pleins de zigouigouis dessus : Star Wars, Battlestar Galactica, Alien… Tous reprendraient ce canon esthétique, mais on restait encore loin de la beauté multicolore d’un Chris Foss*.

Il a fallu attendre 2009, et quelques images au début de Star Trek (version JJ Abrams) pour trouver enfin chaussure à notre pied. Villes gigantesques dans le brouillard lointain, façon Monades Urbaines de Christopher Priest. Ces images restent rares, mais on est enfin gâtés dans The Creator. Villes gigantesques, vaisseau spatial, mega-tank, Gareth Edwards reprend ce flambeau-là, et aussi celui d‘une judicieuse surcharge de détails façon Ridley Scott (Alien, Blade Runner, you name it). Mais c’est tout ce qu’on aura à se mettre sous la dent puisque nous avons affaire, avec ce Creator, à un Film Adolescent ; c’est-à-dire un film sûr de lui, qui ne se pose jamais de question, qui ne réfléchit pas à son scénario, ni à son univers.

Le film va ainsi proposer des incohérences à chaque seconde, mais rappelons d’abord le pitch : dans un futur proche, une explosion nucléaire, due à une IA défaillante, a détruit la moitié de Los Angeles. Cet incident a déclenché une guerre sans merci entre les Américains et la Nouvelle Asie qui soutient l’intelligence artificielle. Joshua Taylor (John David Washington), un soldat infiltré en Nouvelle Asie doit trouver l’IA pour la détruire. Dans ce monde futuriste, il y a des robots, des simulants qui ont visage humain, et une mystérieuse IA. Premier problème, ces simulants font tout pour ressembler à des humains : visages, expressions, sentiments. Ils mangent et boivent comme nous. Pourquoi ont-ils donc un magnifique trou à l’arrière de la tête ? Si ce n’est pour « faire un effet » censé impressionner le spectateur ?

Autre exemple, une patrouille de Marines débarque en pleine nuit dans une rizière. Mission classique d’infiltration… Mais leurs scaphandres sont saturés d’écrans de contrôle. C’est très beau à l’écran : ça fait des jolis taches blanches dans le paysage, et une très belle scène, mais pour le camouflage FOMBECTO**, c’est pas gagné…

Et ainsi de suite… le film est saturé d’objets, de décors, de sons, de lumière… et tout est sincèrement splendide. Splendide, mais stupide.

Et – c’est plus grave – on n’a pas réfléchi à ce que le film veut dire… En gros, G. Ewards, qu’on a connu plus intelligent dans son magnifique Monsters, nous dit que… les robots sont des êtres humains comme les autres ! Sur ce postulat, on assiste à des scènes assez cocasses : un robot qui s’habille et marche comme une grand’mère, un robot US qui salue ses maîtres comme un Marine (« c’était un honneur de combattre à vos côtés » ou quelque chose de ce genre), des Américains über-méchants parce qu’ils combattent une IA qui a rayé La La Land de la carte (en fait (je spoile), c’est pas de sa faute, elle était mal programmée)… Aucun cliché ne sous sera épargné : la proverbiale sagesse vietnamo-tibétaine, l’I.A. insérée dans une unique petite fille (ce qui la rend vraiment facile à éliminer, jamais intelligence artificielle n’a autant mérité son nom…)

Le film ne réussit jamais à nous intéresser à ses personnages, ni au soldat undercover fracassé par la guerre, ni son histoire d’amour américano-vietnamienne, ni la petite fille-robot… C’est là le nœud du problème. Comment peut-on s’identifier à une machine ? Quelques rares œuvres y ont réussi (Blade Runner, en inversant la proposition (qu’est-ce qui prouve, Deckard, que tu es humain ? Battlestar Galactica, en posant la question de l’Ennemi : que devient-on quand on comprend qu’on est soi-même un cylon ?) Sinon, il est quasi impossible d’éprouver de l’empathie pour une machine… C’est malheureusement le sujet central du Creator, qui essaie de nous faire prendre des vessies numériques pour des lanternes digitales.

* qui avait pourtant dessiné le Nostromo d’Alien

** Un combattant doit vérifier qu’il est bien camouflé grâce à l’acronyme FOMBECTO : Forme, Ombre, Mouvement, Bruit, Éclat, Couleur, Trace et Odeur.




vendredi 9 juin 2023


Das Boot
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Après une ultime revoyure – le Kapitän Ludovico ayant déjà tout vu : le livre, le film en salle, le film à la télé, la série télé (au moins deux fois), le director’s cut…), le bilan est toujours le même : Das Boot reste un chef-d’œuvre imputrescible, qui ne connait aucune corrosion. Acteurs parfaits, mise en scène parfaite, propos parfait… Rien ne vieillit chez le parangon du film de sous-marin.

Pourtant il est difficile d’imaginer le scandale à sa sortie : film fasciste, osant dire que les Allemands avaient eux aussi combattu de manière héroïque, et qu’il n’y avait pas que des nazis… La controverse fut intense, car Das Boot était le premier.

Selon le principe qui veut que l’histoire soit racontée par les vainqueurs, les Américains avait entièrement accaparé la narration de la seconde guerre mondiale, avec Le Jour Le Plus Long comme prototype… Un Pont Trop Loin, les Douze Salopards, L’aigle s’est Envolé, De L’or Pour Les Braves… tous ces films obéissaient au sacro-saint principe : les héros étaient américains, et les Allemands avaient le mauvais rôle… Il a fallu que le temps passe, et que l’Allemagne fasse son propre examen de conscience (pour reprendre le titre du plus beau livre d’August von Kageneck) pour que les jeunes cinéastes allemands ne se sentent plus responsables des erreurs de leurs parents, et se décident à explorer le grand drame du XX° siécle, vu de leur côté…

Il faut en tout cas bien être aveugle pour voir dans Das Boot un panégyrique nazi. Dès la première scène, un capitaine saoul se moque d’Hitler en fêtant sa décoration… Quand on embarque sur le U-96, seul un jeune « commissaire politique » est un authentique nazi, et il va vite perdre ses illusions…

Les autres membres d’équipage n’ont pas d’opinion, ouvriers au service d’une guerre sous-marine déjà perdue, qui ne cherchent qu’à survivre au milieu des vapeurs de mazout. C’est le génie de Petersen de filmer cette chair à canon aux visages blafards couverts de sueur et de graisse, sous des néons rouges et bleus*. C’est tout simplement l’humanité à l’os que filme le cinéaste ; son courage et sa lâcheté, sa détermination et sa peur.

Malheureusement, Wolfgang Petersen ne deviendra pas un grand cinéaste. Après L’Histoire sans Fin, il fera le voyage fatal Hambourg-Hollywood, passant de cinéaste-auteur à un bon faiseur de l’Usine à Rêves. Avec pas mal de bons films (Dans la ligne de mire, Air Force One, Troie), quelques nanars (Enemy, Troubles, Alerte ! Poséidon), mais sans nouveau coup d’éclat.

*Néons qui marqueront pour toujours Tony Scott (USS Alabama), et les ¾ de la production Simpson/Bruckheimer/Michael Bay …




mercredi 24 août 2022


Wolfgang Petersen
posté par Professor Ludovico dans [ Les gens -Pour en finir avec ... ]

C’est la tragédie classique d’Hollywood, qui – telle Kali – dévore les petits enfants. C’est l’histoire d’un cinéaste qui réussit brillamment dans son pays : L’Échiquier de la Passion (un beau téléfilm sur les échecs avec Bruno Ganz) et bien sûr, son chef d’œuvre, Das Boot, (Le Bateau, aka le plus grand film de sous-marin jamais réalisé*) ou L’Histoire sans Fin (joli conte pour enfants capable de tirer une larme aux adultes…)

Et puis là, c’est le drame, Wolfgang Petersen fonce à Hollywood et réalise des nanars : Enemy, Troubles, Alerte !, Poséidon… C’est le triste destin de nombreux artistes étrangers, mangés par l’Usine à Rêves, et recrachés comme ouvriers consciencieux et disciplinés. Si quelques fortes têtes ont réussi (Billy Wilder, Fritz Lang, Paul Verhoeven, Michel Gondry…), d’autres sont devenus de simples techniciens (Renny Harlin, Mathieu Kassovitz, …) ou finirent broyés par Hollywood (Erich von Stroheim)

Dans le cas Petersen, surnagent néanmoins une GCA (Air Force One), un bon thriller (Dans la Ligne de Mire) et un péplum honorable (qui vaut surtout grâce à Brad Pitt, Troie). C’est peu et c’est beaucoup, car rien que pour Das Boot, Wolfgang Petersen est la preuve que Dieu existe.

*et le Professore Ludovico en connait un rayon…




mercredi 29 juillet 2020


Tijuana Bible
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Un Marine, perdu à Tijuana après l’Irak, cherche l’autodestruction ; drogues, putes, alcool. Nick trouvera pourtant la rédemption auprès d’Ana (Adriana Paz), qui cherche son frère, un autre Marine, dans le même enfer. Boy meets girl, toujours.

Mais ici, Jean-Charles Hue – en apparence loin de ses bases et de la communauté Yéniche (La BM du Seigneur ou Mange tes Morts) – filme tout en réalisme les sept cercles de l’enfer de la Babylone mexicaine. Une vision européenne, à cent lieues du kitsch américain habituel sur le sujet, la caméra collée au cou de son « héros », dans le décor surexposé d’un Mexique écrasé sous la chaleur du mois d’août, chambres d’hôtel miteuses, strip-clubs sordides, et comida corrida de rue…

Il est servi en cela par le jeu halluciné (et hallucinant) de Paul Anderson (Games of Thrones, Peaky Blinders) qui met tout son corps dans la balance de Nick, dont on rappellera que c’est le surnom du Diable.

On retrouvera les obsessions de Jean-Charles Hue, son christianisme mystique, à la limite du magique (au travers d’une superbe scène d’épiphanie, mi-camera obscura – mi-vision christique Scorsesienne), la présence du Mal, toujours dans la zone grise,  et cette idée que seule la communauté peut faire sens.

Certes, le film n’est pas sans longueur (dont une évitable confession au coin du feu), mais Tijuana Bible est le coup de poing de l’été.




samedi 23 novembre 2019


Midway
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Il y a deux lectures à la Grosse Connerie Américaine signée Roland « 2012 – Independance Day – The Patriot – Le Jour d’Après » Emmerich qui s’opposent et se complètent. Si on écoute A.G. Beresford, il faut saluer les efforts de Roland Emmerich en matière de réalisme ; Midway, sur le plan historique, tient la route. Si on écoute le Professore (et qu’est-ce qu’on vous apprend en classe, sinon d’écouter le Professore ?), il n’y a pas de cinéma dans Midway. Pas de personnages, pas de dramaturgie, pas de dialogues : pas de film.

On dira quand même qu’on est un peu d’accord l’un et l’autre. On ne s’est pas vraiment ennuyé (il faut dire qu’il y avait plein d’avion, de porte-avions (et même des sous-marins !) Pour le reste, Midway est une sorte de film pédagogique pour RMC découverte qui aurait dégoté 100 millions de budget. Un film où tout le monde tire la gueule consciencieusement parce que, attention, c’est du sérieux, c’est très grave, c’est la guerre ! Pearl Harbour !! L’Empereur !!! Avec des majuscules hautes comme l’Empire State Building ou le mont Fuji. Et des acteurs qui jouent tous comme des pieds, même le chouchou Woody Harrelson.

Mais les Dauntless, eux, jouent très bien.




vendredi 1 mars 2019


Le Chant du Loup
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

En tant que spécialistes mondiaux du film de sous-marins, James Malakansar et moi-même sommes contractuellement obligé de voir tous les films de sous-marins, même français. Nous sommes donc allés voir Le Chant du Loup avec deux autres spécialistes ramassés sur place. Après avoir convenu que Das Boot restait la clef de voûte indépassable du sub-movie, on a pu passer à la projection proprement dite.

Le diagnostic au final est mitigé. Après voir ricané dans ma barbe pendant le film, et appelé les mânes de Tony Scott et Wolfgang Petersen, les trois autres spécialistes ont fini par me convaincre – autour d’une planche charcuterie-fromage, il est vrai – que tout n’était pas à jeter. Inventaire, donc.

D’abord tout ce qui cloche dans le film, c’est tout ce qui n’est pas foncièrement américain. Le Chant du Loup fait partie de la catégorie des films « Y’a-que-les-ricains-qui-savent-faire-ça ». Et c’est vrai. L’intrigue sort directement des chantiers navals Simpson-Bruckheimer, où des méchants russes font la nique aux gentils (ici, la France !).

Pendant deux heures, on espère donc voir de vrais héros sous-mariniers se révéler : Denzel Washington, Sean Connery, Jürgen Prochnow, you name it… Car le film – probablement financé par les Russes – démolit la dissuasion française à chaque scène.  Le commandant Grandchamp refuse de prendre le commandaient d’un sous-marin en pleine Troisième Guerre Mondiale (parce qu’il a promis à Bobonne de ne plus reprendre la mer, sic) ; la salle pour appeler l’Elysée est à 400m d’escaliers du PC de l’amiral, on confie deux sous-marins à des officiers qu’on vient de sanctionner (resic : leur « oreille d’or » a confondu un sous-marin russe avec un cachalot (reresic)), celui-là même, en jean et en basket, entre comme crème dans le bunker de l’Etat-major (il vient de raconter son métier à sa nouvelle petite copine avec un drôle d’accent et fume du shit avec elle.), je vous en passe et des meilleures. Si ce n’est pas de la haute trahison, ça y ressemble beaucoup…

Autant dire que tout ça serait passible de peine de mort dans le cinéma de M. Bruckheimer, où les sous-marins portent un nom fier, d’un peuple de gens biens qui vivent dans un état génial, dans le plus grand pays de la terre*. Sans parler de l’Octobre Rouge de M. Connery, où les héros de la Grande Guerre Patriotique tordent le cou des traîtres aussi vite qu’on boit un verre de Vodka.

Le deuxième défaut, c’est l’amateurisme général du Chant du Loup sur le plan cinématographique : mélange des genres, commençant sur un mode documentaire (le nombre de pales des sous-marins, sujet passionnant) qui se termine par une scène où le commandant, en plein surf sur son kiosque, tire sur un hélico à coup de RPG7 ; on a un peu perdu le spectateur entre les deux.

Erreurs de casting ensuite : ni Kassovitz, ni Reda Kateb, ni Omar Sy ne sont crédibles en officiers supérieurs (on est loin du Crabe Tambour), sans parler de François Civil, qui porte bien son nom, puisqu’il n’est ni crédible en militaire, ni en comédien.

Et puis surtout, le pauvre Hitch’ se retournerait dans sa tombe, c’est un film ultra-bavard… Tout est expliqué, rien n’est montré…

Cela étant dit, la dernière demi-heure est assez rigolote et excitante, et la fin, pas mal du tout… une fois que le cinéaste et ses producteurs ont accepté de lâcher les chiens, d’ouvrir les tubes à torpille, de mettre la barre à 15, et de passer enfin au film d’action.

Un jour les gars, il faudra choisir…

*« Capt. Ramsey: It bears a proud name, doesn’t it, Mr. COB? 
Chief of the Boat: Very proud, sir! 
Capt. Ramsey: It represents fine people. 
Chief of the Boat: Very fine people, sir! 
Capt. Ramsey: Who live in a fine, outstanding state. 
Chief of the Boat: Outstanding, sir! 
Capt. Ramsey: In the greatest country in the entire world. 
Chief of the Boat: In the entire world, sir! 
Capt. Ramsey: And what is that name, Mr. COB? 
Chief of the Boat: Alabama, sir! 
»




samedi 24 novembre 2018


Kursk
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

Il est franchement étonnant de voir un film des années soixante sortir finalement en 2018. C’est pourtant le cas avec Kursk. Casting europudding, dialogues en anglais oxfordien*, russian-bashing digne de la guerre froide, et des clichés à la pelle dans la salle des torpilles. C’est même un best of : le petit garçon qui récupère la montre de son père (oui, comme Pulp Fiction !), le même père qui met la photo de sa petite famille sur son poste de travail (signant à coup sûr son arrêt de mort), le méchant général à qui on ne serre pas la main et qui essuie une larme ; on aura compris que le petit garçon est vraiment très en colère.

Pourtant il y a plusieurs choses sympathiques dans ce film. Quelques scènes à surprenantes, drôles ou émouvantes, de bons acteurs (Matthias Schoenaerts, Colin Firth, Léa Seydoux) et une véracité historique assez appréciable, vu qu’on sait maintenant à peu près ce qui s’est passé. Seul le russian bashing demeure gênant. Rappelons que si jamais Le Téméraire ou Le Vigilant coulait au large de Ouistreham, on refuserait tout autant l’aide de Poutine que les russes ont refusé celles des anglais en 2000.

Si vous êtes fan de film de sous-marin, vous êtes bien sûr obligé de voir Kursk, sinon évidemment, il y a First Man

On y vient.

* Ce qui réévalue à la hausse les pathétiques imitations d’accent russe des acteurs américains, de K-19 à la Poursuite d’Octobre Rouge